Des frontières et des mots : l’émission !
03 juin 2024, Posté par Rencontres, Saison 2024 dansEn partenariat avec les Médiathèques de Mulhouse et la radio Pi-Node
En cas d’intempérie, l’émission se déroule au Musée des Beaux-Arts
La résidence de l’écrivain Aiat Fayez se clôture à Mulhouse avec trois heures d’émission
en direct et en public. Au programme, dialogue avec Aiat Fayez qui explore le passage des frontières dans ses œuvres, retour sur l’expérience des ateliers d’écriture avec Marie Brignone, un atelier de gravure de frontières avec Daniel Tizani, entretiens avec la géographe Odile Kammerer, le photographe Bekir Aysan pour Mulhouse-Istanbul et l’écrivain Mohomodou Houssouba qui vit et travaille aujourd’hui entre Bamako, Gao et Bâle.
Lecture de textes et poèmes, chansons.
Participation gratuite.
Passer une frontière est toujours quelque chose d’un peu émouvant : une limite imaginaire, matérialisée par une barrière de bois qui d’ailleurs n’est jamais vraiment sur ligne qu’elle est censée représenter, mais quelques dizaines ou quelques centaines de mètres en deçà ou au-delà, suffit pour tout changer, et jusqu’au paysage même : c’est le même air, c’est la même terre, mais la route n’est plus tout à fait la même, la graphie des panneaux routiers change, les boulangeries ne ressemblent plus tout à fait à ce que nous appelions, un instant avant, boulangerie, les pains n’ont plus la même forme, ce ne sont plus les mêmes emballages de cigarettes qui traînent par terre. Frontières, Georges Perec
Il y a des frontières évidentes, brutales et fermées, avec des douanes, des uniformes, des panneaux et des tracés sur l’asphalte.(…) Mais il y a des frontières plus immatérielles, celles qui séparent certains pays comme le crépuscule le fait du jour et de la nuit. (… )Ici la frontière n’est pas suscitée par l’homme et ses cartes, mais émane du sol, de l’acidité changeante de l’air, du tapis végétal qui ébauche des motifs différents, emblèmes des climats futurs et de la lente dérive des rivières, aspirées par d’autres mers ou d’autres sables. Cette frontière traine sur les pentes comme le fantôme de la longue histoire qui a modelé la gestuelle et le regard des hommes, à l’insu de leur mémoire, et qui a laissé, ici, le purgatoire de ses hésitations, avant le grand partage entre ce qui fera les uns et ce qui fera les autres.
La frontière, Olivier Roy