ÉDITOS
Le mot Utopia, forgé par Thomas More au XVIe siècle, signifie « en aucun lieu », alors que paradoxalement il désigne à l’origine une île située quelque part aux confins du nouveau monde, dans laquelle un gouvernement idéal règne sur un peuple heureux.
C’est à la lueur de ce sens que l’on peut comprendre le choix fait par l’association Strasmed de placer cette dixième édition du festival Strasbourg-Méditerranée sous l’égide de ce terme des Utopies. Il vise à démontrer en quoi les thématiques des éditions précédentes (Écriture et Oralité, L’hospitalité, Nouvelles identités, Tomber la frontière, Héritages, Exils, Métissages, Rêver la ville) étaient une sorte de préfiguration à ce thème ultime du rêve auquel l’on tente de donner corps. Car après avoir qualifié l’irréalisable et l’irréaliste, le mot revient à la source et tend à désigner un idéal auquel on aspire.
Depuis 20 ans, Strasmed démontre en effet comment les cultures de la Méditerranée, qui irriguent notre ville et notre région, peuvent être mieux connues, et davantage promues et valorisées et comment le brassage des idées, des savoirs et des expressions artistiques, permet de créer du lien et de vaincre l’ignorance, l’hostilité et donc la violence.
Chaque héritage peut ainsi constituer une pierre ajoutée à l’édifice d’une identité toujours mouvante et riche de ses différents apports.
Je tiens à féliciter les organisateurs du Festival pour leur contribution essentielle à la vie culturelle strasbourgeoise, qui déborde d’ailleurs du strict champ culturel pour toucher plus largement à la paix sociale.
Chacun découvrira au fil des pages la richesse de ce programme foisonnant qui comporte des temps particulièrement forts pour cette dixième édition, avec des voix grecques, turques et algériennes, par exemple. Et s’il faut retenir deux autres grandes voix, je voudrais saluer la présence exceptionnelle du grand intellectuel, écrivain et artiste turc Zülfü Livaneli et celle de Patrick Chamoiseau qui nous font l’honneur de s’associer à cette dixième édition du festival, à laquelle je souhaite plein succès.
Roland RIES — Maire de Strasbourg
Un chaleureux merci au Maire de la Ville de Strasbourg, Roland Ries, qui s’associe par son éditorial au lancement de cette édition. Merci également à toutes les collectivités territoriales, la Ville et bien sûr le Conseil Départemental, la Région, et l’État, mais aussi à tous nos partenaires mécènes qui ont bien voulu apporter leur soutien.
Né il y a vingt ans à l’aube du XXIe siècle, Strasbourg-Méditerranée fête cette année sa dixième édition. En vingt ans combien d’évènements, de moments partagés et de rencontres entre artistes, intellectuels, acteurs associatifs et un public toujours fidèle et enthousiaste. Tout a été possible grâce à l’initiative de celles et de ceux qui se sont engagés dès le début dans cette belle aventure et qui continuent à se mobiliser pour que durant quinze jours, nous avancions vers
une société plus solidaire et apaisée. L’existence de Strasbourg-Méditerranée, son inscription durable dans le paysage culturel et associatif de Strasbourg donne vie à la seule utopie digne de ce nom : faire reculer l’intolérance, la xénophobie ou encore l’indifférence à l’autre.
Vingt ans d’un passé riche, vingt ans que nous continuons à agir, créer et rêver ensemble.
Cette dixième édition se veut aussi un hommage à Hélène Haslé décédée en 2016. Hélène a été présidente de Strasbourg-Méditerranée. Elle croyait en cette formidable utopie de la réconciliation et de la solidarité. Hélène ne sera pas avec nous pour cette édition anniversaire. Elle nous manquera terriblement.
Myriam CHOPIN — Présidente
de Strasbourg-Méditerranée
Le fil rouge de cette édition anniversaire : revisiter et mettre en perspective, à l’aune des utopies, de nos utopies, celles-là mêmes qui ont irrigué les thématiques que le festival a déclinées dans ses différentes éditions depuis sa création en 1999 et qui témoignent de presque 20 ans d’engagements sur les questions notamment d’histoire et de mémoire, de l’immigration et de l’altérité, de diversité culturelle et des discriminations.
Au programme, plus de 90 manifestations : hommages, concerts, spectacles, films, expositions, débats, rencontres, lectures, contes, ateliers…, associant des artistes, écrivains, intellectuels, des acteurs de la vie civile et publique des deux rives de la Méditerranée, avec 40 structures participantes et 37 lieux de diffusion.
Favoriser de nouvelles rencontres, bâtir des passerelles, tisser des liens, des rêves, de nouveaux imaginaires, construire des espaces de parole et d’expression artistique, où les créations, les savoirs, les idées, les récits, les utopies puissent circuler et dialoguer : c’est la raison d’être du Festival et le sens que nous souhaitons lui donner, plus spécialement, à l’occasion de cette 10e édition.
Sous le signe de l’hospitalité, de la liberté de circulation des hommes et des idées, des héritages partagés, d’une histoire, d’une mémoire et d’un avenir commun à construire. L’utopie : un état d’esprit, un lieu de résistance, une quête d’émancipation, un horizon d’espérance, un combat toujours recommencé pour la liberté, l’égalité, la dignité, la paix et pour une société plus juste, plus démocratique, ouverte, solidaire, inclusive. Un monde meilleur.
Salah OUDAHAR — Directeur artistique