Edito 2021
A l’instar de l’ensemble des évènements et acteurs culturels strasbourgeois, le festival Strasbourg-Méditerranée est à un tournant. La crise sanitaire nous a contraint à repenser notre modèle de diffusion et nos contenus avec le souci d’appréhender et de penser dans le même mouvement, le local et le global, le spécifique et l’universel, le divers et le commun.
En effet, dans un temps que nous ne maîtrisons plus, s’accentuent des phénomènes et des problématiques abordées dans nos différentes éditions : des rapports Nord-Sud aux migrations jusqu’aux défis liés à la créolisation irréversible de nos sociétés.
Le repli sur soi, l’individuation radicale des relations sociales, la défiance aux autres, les solidarités ringardisées, voire criminalisées, gagnent du terrain. Les remparts dressés contre la stratégie du bouc émissaire semblent rompre progressivement, installant dans les esprits les plus ouverts un fatalisme inconnu jusqu’alors.
La mission du Festival, dans sa volonté de croiser les expressions culturelles et artistiques des deux rives et de constituer un arc euro-méditerranéen entre intellectuels, penseurs, artistes et défenseurs des droits humains, devient plus ardue mais d’autant plus urgente.
Humblement et avec détermination, nous centrons cette édition sur la question des droits humains, bafoués là-bas, menacés ici, en promouvant une citoyenneté de la réconciliation.
Engagés dans la construction/reconstruction d’un héritage commun délesté des rapports de domination, notre projet a la volonté de participer à l’élaboration d’un humanisme rhénano-méditerranéen qui traverse la mer du milieu et où les lumières intellectuelles, culturelles et artistiques des deux rives se réfléchissent.
Strasbourg-Méditerranée
La jeune photographe Joséphine Parenthou a offert le cliché de Beyrouth qui illustre le Festival en soutien à l’opération A(c)rt for Beiruth suite à l’explosion de 2020 ayant détruit une partie de la ville. Une silhouette, dans un geste de déploration, d’incompréhension, d’accueil ou d’encouragement fait face au chaos d’une ville nimbée dans la beauté des couleurs du crépuscule.